Une soirée à L'Instant Présent en partenariat avec le Pavillon des vins le mardi 3 octobre 2017
C’est dans un cadre très agréable sur une des tables extérieures de L’instant Présent, accompagnés par la fraîcheur revigorante de l’air marin matinal, que nous avions rendez-vous avec de prestigieux invités fraîchement débarqués de l’avion, la veille au soir. Effectivement, à l’occasion de La Foire aux Vins du Pavillon des Vins, notre île accueillait pour la première fois sur son sol des éminences du paysage viticole français. Paul-Henry et Anne-Françoise Quie sont frère et soeur en plus d’être les copropriétaires des domaines prestigieux de du Château Croizet-Bages et du Château Rauzan-Gassies. Ces entités importantes de l’industrie du vin étaient également accompagnées de Jean-François Govin, qui représentait Le Pavillon des Vins et de Stéphane Alzac, négociant pour le Groupe G.V.G (Grands Vins de Gironde). Tous attablés dans une ambiance conviviale et intimiste, ces différents intervenants, passionnés par le vin, ont accepté de répondre à nos questions.
Pour la première fois à Tahiti
Comme nous l’expliquait Jean-François Govin au début de la conférence, la visite au Fenua de ces grandes figures de l’industrie viticole métropolitaine est un véritable événement. Les raisons principales qu’il évoque pour expliquer l’absence de ce genre d’initiatives durant de nombreuses années sont, d’une part, l’éloignement et surtout le marché du Grand Cru qui n’est pas très développé en Polynésie à cause des taxes extrêmements élevées qui, fatalement, impactent les prix de vente. Mais ce n’est plus qu’un mauvais souvenir puisque c’est à l’occasion de leur Foire aux Vins – qui dure jusqu’au 21 octobre – que Le Pavillon des Vins a permis aux amoureux de ce breuvage à Tahiti de partager l’expertise d’Anne-Françoise et de Paul-Henry lors d’une soirée extraordinaire, le mardi 03 octobre. Organisé autour du thème Accords mets et vins, cet événement spécial se déroulait au restaurant L’instant Présent et proposait de déguster des vins de Grands Crus accompagnés par une sélection de différents plats afin qu’ils créent ensemble une parfaite “symbiose” gustative.
Cette rencontre a été initiée par la société G.V.G et plus précisément Stéphane Alsac qui étaient également à nos côtés durant l’entrevue.
Grands Crus et Seconds Vins
Si Anne-Françoise est venue avec les stars de deux de ses domaines, à savoir le Château Croizet-Bages et le Château Rauzan-Gassies, respectivement Cinquième et Second Crus, c’était surtout ce qu’on appelle les seconds vins – le Alias Croizet-Bages et le Gassies – qui étaient à l’honneur lors de cette interview. Comme nous le disait si bien Jean-François Govin : “ce sont des vins aux qualités formidables, plus accessibles au niveau du prix et du palais et qui peuvent se boire plus jeunes”.
Anne-Françoise nous a donc expliqué plus en détails de quoi il retourne. Ce sont des vins issus de jeunes vignes qui sont plus frais mais ne visent pas les mêmes saveurs. Elle ajoute même avec humour : “Ce sont les petits frères des grands crus.” Ils sont le fruit de la même attention et de la même expertise que l’on prête aux grands crus. Après tout, comme elle le dit si bien, les vignes qui servent pour ces seconds vins seront celles qui seront utilisées plusieurs années après pour les grands crus puisqu’après tout, une parcelle de vignes se garde 50 à 60 ans. “Ce sont des grands vins décomplexés”, ajoute Anne-Françoise. Elle se base sur le fait que leurs techniques de production et de récupération sont les mêmes que pour les Grands Vins, un peu plus institutionnels, mais qu’ils sont plus faciles à appréhender autant du point de vue du goût que du point de vue financier .
A la conquête du monde
Au moment de l’interview, Anne-Françoise et son frère Paul-Henry était arrivés la veille au soir. Ils venaient tout juste de sortir des vendanges de 2017 au moment de leur départ et ont laissé le frère jumeau d’Anne-Françoise, Jean-Philippe, s’occuper de l’affaire familiale durant leur absence. “C’est un plaisir de quitter cet univers de production pour venir en parler ici et de pouvoir à la fois parler des vins et avoir l’opportunité de les mélanger à la culture traditionnelle.”, nous dit-elle en nous montrant que sur le menu du soir figurait un filet de mahi-mahi en croûte d’amande et beurre safrané accompagné d’un Château Crozet-Bages 2012 Pauillac – 5e cru classé.
Avec 80% de la production de ces deux domaines, possédant respectivement 30 hectares, destinée à partir pour l’étranger (Europe, Asie et Outre-Mer), ils sont de plus en plus souvent appelés à présenter leurs produits à l’étranger. Elle nous confie d’ailleurs qu’elle apprécie énormément faire la promotion de leurs vins et aller à la rencontre des gens. Le marché viticole lui donne la chance d’entretenir des valeurs traditionnelles qui, malgré l’avènement d’internet, leur permet, comme dans le cas présent, de continuer de découvrir en personne les pays, territoires et leurs habitants qui accueillent leurs produits. L’un de leurs principaux buts est de maintenir la typicité du terroir des vins de leurs différents Châteaux. Anne-Françoise profite pleinement de l’opportunité qu’offre l’exportation de ses vins dans d’autres contrées. Elle voit cela comme une manière de faire évoluer ses produits en réfléchissant à de nouvelles associations possibles avec les mets des localités où les vins s’implantent. La réflexion ne s’arrête pas là puisqu’ils font également des recherches régulières pour trouver comment accommoder leurs vins avec les nouvelles techniques et besoins culinaires de ces dernières années.
Une affaire de famille
C’est en 1942, après avoir été pendant plusieurs années négociant, que le grand-père d’Anne-Françoise, Paul Quié, prend la décision d’acheter ces domaines pour devenir lui même propriétaire et producteur viticole. Leur père prend sa suite en 1968 et depuis 2004, ce sont Anne-Françoise et ses frères qui ont repris le commerce. Venant chacun de voies professionnelles différentes, ils ont tous pu apporté une pierre à l’édification de leur version de l’affaire familiale. Avant de reprendre les domaines, Anne-Françoise a travaillé dans la grande distribution et à la banque et Paul-Henry était architecte. Si quand elle était adolescente Anne-Françoise ne se voyait pas aux commandes de cet empire du vin, l’occasion s’est présentée sans qu’elle s’y attende. Effectivement, à un moment donné de sa vie, alors qu’elle cherchait du travail, son père lui “a tendu un très beau piège” en lui proposant cette alternative. Avec toutes les expériences qu’elle a vécu et sa plus grande conscience du monde du travail, elle s’est aperçue de la chance qui s’offrait à elle et, ayant grandi de ce milieu, elle a vite pris ses marques. “C’est vraiment une affaire de famille et on a la chance d’avoir une bonne synergie tous les trois”, ajoute Paul-Henry et c’est d’ailleurs ce qui doit beaucoup participer à l’évolution de leur entreprise ces dernières années. Nous souhaitons encore de longues années de succès à ces aventuriers et passionnés du vin.